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Alliance Hauts-de-Seine

L’Alliance Royale est une formation politique fondée en 2001 et regroupant des "citoyens" (habitants de la Cité) convaincus  qu’il est temps de reposer la question des institutions dans le débat politique français. L’Alliance Royale a non seulement pour ambition de faire redécouvrir la monarchie à nos compatriotes, mais également d’inviter la France à préparer son avenir dans ses institutions.

  blasong2.jpg"D'azur à la fleur de lys d'or et à la nef antique d'argent, au chef d'argent chargé d'une fasce ondée d'azur", ainsi se décrit le blason des Hauts-de-Seine créé par Georges Weill.


    "Blason Royal du Pays d'Aunis"

26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 13:46

La Nef – Que reste-t-il aujourd'hui des anciennes monarchies européennes? Sont‑elles les héritières des monarchies d'Ancien Régime? Comment jugez‑vous leur fonctionnement actuel?

Yves-Marie Adeline

« La forme monarchique ne fait pas nécessairement appel à un régime particulier. Dans certains pays, la monarchie a toujours été représentative, comme au Japon depuis quinze siècles, à quelques rares exceptions près, notamment les règnes Meiji et Showa entre 1867 et 1945. La formule du « roi qui règne et ne gouverne pas » a existé à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Le roi est souvent un pontife (« pontifex »: qui fait le pont) assurant un rôle de régulateur qui permet la stabilité de la vie politique et la pérennité de l'identité collective.
Cela dit, compte tenu de l'état de nos sociétés, à bien des égards on peut se plaindre de ce que les monarchies contemporaines ne donnent pas pleinement satisfaction. Le cas de Baudoin, roi des Belges, obligé de céder devant l'avortement, en est un exemple, et l'on pourrait en ajouter d'autres. On sait aussi que les rois actuels, bien que disposant de beaucoup plus d'autorité et d'influence que les Français ne l'imaginent, ont subi tout de même une limitation de leurs pouvoirs au long des deux derniers siècles. Mais tant qu'il y a un roi, il y a une espérance. Les modes démagogiques passeront comme toutes les modes, et alors pour les États qui auront eu la chance de conserver leur monarchie, la renaissance sera plus facile. Il en est des institutions comme d'un corps malade: tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. »

 1918 a été un coup d'arrêt brutal 1 à cette forme politique : comment l'expliquez-vous? Y aurait-il une antinomie entre le développement technique de la modernité et la royauté ?

« Non, le développement technique n'a rien à voir. D'ailleurs, aujourd'hui, les États les plus matériellement prospères en Europe sont des monarchies. 1918 a été un drame pour beaucoup de monarchies de notre continent parce qu'elles ont été prises dans un étau : d'un côté, l'idéologie républicaine poursuivait sa progression continue depuis 1789, accentuée en 1917 par le républicanisme des États-Unis et la révolution russe; de l'autre, l'ensemble des États vainqueurs souhaitaient écraser leurs adversaires, semant cruellement les germes d'un chaos, d'où sont d'ailleurs sortis les cauchemars du xxe siècle. »

Peut-on imaginer aujourd'hui une restauration de la royauté en Europe et sous quel mode ?

« C'est très difficile parce qu'en république celui qui gouverne est le premier personnage de l'État et entend bien le rester : il n'a aucune envie de s'abaisser à être, comme un premier ministre anglais ou espagnol, seulement le plus éminent serviteur du bien commun. De son côté, un prétendant au trône ne peut pas être un partisan, or en république le pouvoir se conquiert par un parti, donc de façon partisane. Quant au mode de restauration il ne pourrait être qu'une volonté populaire, du moins dans l'état actuel des choses : on ne ferait pas la France sans les Français. »

Pourquoi faudrait-il souhaiter cette restauration ?
« La royauté est le seul régime permettant de réaliser l'espoir, aujourd'hui brisé, de De Gaulle : distinguer le chef d'État d'un chef de majorité, à qui est confié le gouvernement. En outre, seul le roi peut garantir l'indépendance de la justice, puisque, grâce à ce dédoublement, la magistrature n'est plus inféodée à l'exécutif. Enfin, grâce au roi, le premier ministre qui exerce le pouvoir n'incarne qu'une option politique temporaire parmi d'autres, et ne réduit pas le tout à la partie. »

En France, en particulier, le lien a été rompu depuis plus de deux siècles et les Français ne veulent plus de royauté : est-il possible d'inverser ce courant d'opinion et comment? Quelle serait la légitimité de la royauté après une si longue rupture... et comment résou­dre le choix dynastique?

« Pendant ma campagne présidentielle en 2007, un sondage France Soir-BVA révélait que 17 % des Français aspiraient à la royauté, et même que 20 % voteraient volontiers pour un candidat royaliste. Cela signifie que le royalisme n'est pas mort, mais les royalistes eux-mêmes sont-ils prêts à soutenir une action politique royaliste? Chez beaucoup d'entre eux, leur royalisme n'est qu'une attitude esthétique sans conséquence.

Il est évident qu'après plus de 160 ans d'absence du pouvoir (disons depuis 1848) les Capétiens n'inspirent plus grand’ chose à la majorité des Français. Songez que Louis XVIII, finalement, succède à son propre frère, après 22 ans de vacance des lis; Napoléon III est né prince en 1808, fils de roi et neveu d'un empereur en exercice; Monk a restauré la royauté anglaise après 12 ans de république; Franco aurait pu, s'il avait voulu, restaurer Don Juan, le propre fils d'Alphonse XIII, plutôt que son petit-fils Juan-Carlos; Sihanouk n'a fait que remonter sur son trône : à chaque fois, entre la chute et la restauration, des régimes de courte durée. Aujourd'hui, pour enjamber 160 ans de notre histoire il faudrait un grand mouvement de nostalgie populaire; or les peuples ont toujours la mémoire courte, ce sont les élites qui ont la mémoire longue. Pour les Capétiens français, cela signifie que le fait d'être un prétendant en titre ne pèse pas lourd, c'est avant tout le charisme d'un prince qui pourrait convaincre les Français de le suivre à rebours du chemin qu'ils ont tracé pour la république. »

Les royautés sont supportées par des dynasties : si celles-ci se délitent (mésalliances, affaiblissement du sens de la fonction, oubli du devoir d'état,...) comme cela semble être le cas aujourd'hui, sur quoi faire reposer la royauté ?

« Pour les royautés établies, il ne faut pas sous-estimer la force du principe en soi. Et après tout, les frasques de quelques princes ne sont que le miroir d'une époque. C'est exactement comme notre art décadent que l'on retrouve dans les sanctuaires, ce n'est pas de la faute de l'Église mais des hommes qui la composent; en Angleterre, par exemple, les princes divorcés renvoient l'image de ce peuple le plus divorcé d'Europe. Cela dit, on a vu que le sentiment monarchique, parfois fragilisé dans certains pays durant les années 70, a retrouvé de la vigueur grâce aux qualités de certains souverains, ce qui confirme que le bon exemple est toujours souhaitable. Le défunt prince Bernard des Pays-Bas a souvent dit combien l'appartenance à une dynastie régnante est une charge lourde à porter. »

Royauté et démocratie sont-elles conciliables ?

« Oui, bien sûr, encore une fois la monarchie peut avoir plusieurs régimes. Je dirais même que la démocratie est mieux assurée sous une monarchie, parce qu'un arbitre impartial est là pour garantir son bon fonctionnement.

Quand, en 2005, Aznar a voulu faire croire à l'opinion que les attentats de Madrid étaient le fait des terroristes basques, Juan-Carlos a compris que son premier ministre était tenté de promouvoir des lois d'exception, comme le Guantanamo de Bush. Il a donc clairement dit, dans une allocution télévisée, que « la lutte devra être conduite dans le cadre strict de la légalité », ce qui a empêché son gouvernement d'abuser des circonstances.

Pour ma part, je suis sensible au principe du régime mixte, que déjà des Grecs comme Hérodote ou Hippodame envisageaient, sans avoir jamais pu le pratiquer, d'ailleurs : mélanger la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, afin que ces trois formes, qu'ils appelaient « pures », produisent le meilleur d'elles-mêmes (arbitrage bienfaisant, dévouement d'une élite créatrice, dignité de chacun) et s'empêchent mutuellement de produire ce qu'elles recèlent de pire : tyrannie, égoïsme oligarchique, démagogie. J'ai une immense admiration pour Louis XIV, mais aujourd'hui les peuples exigent de participer à la définition de la politique publique. C'est peut-être encore une mode qui passera, mais il serait vain actuellement de vouloir ignorer cette exigence de démocratie. »

Propos recueillis par Christophe Geffroy

http://www.lesmanantsduroi.com/articles2/article31330.php
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