Le remorqueur de haute mer Anglian Earl doit tracter l'ex-Clemenceau durant quatre jours sur 1.400 km jusqu'à Hartlepool au nord-est de l'Angleterre, où le porte-avions doit être démantelé © FRED TANNEAU / AFP
L'énorme coque grise et rouillée a quitté le quai en douceur vers 11 heures, manoeuvrée par huit petits remorqueurs, avant d'être prise en charge par le remorqueur de haute mer britannique Anglian Earl qui lui a fait franchir le goulet de Brest en milieu de journée. La traversée de l'ex- Clemenceau en Manche puis en mer du Nord vers le chantier Able UK à Hartlepool, au nord-est de l'Angleterre, doit prendre au moins quatre jours. Able UK a remporté en juillet 2008 l'appel d'offres lancé par les autorités françaises pour déconstruire le navire de 266 mètres de long, 51 mètres de large, 14 ponts et contenant une importante quantité d'amiante. Les derniers obstacles juridiques au transfert ont été levés lundi par le tribunal administratif de Rennes, qui a rejeté le recours d'une association écologiste brestoise. Le départ de l'ex- Clemenceau était initialement prévu pour la fin janvier, mais il avait été reporté en raison du mauvais temps.
Les autorités françaises espèrent être définitivement débarrassées de l'encombrante coque, après l'échec de deux précédentes tentatives de l'expédier dans des chantiers de déconstruction : en 2003, alors que le navire a été vendu à un chantier espagnol, la Marine s'aperçoit, après dix jours de mer, que l'acheteur le dirige non vers l'Espagne comme convenu mais vers la Turquie : annulation du contrat et premier retour à Toulon. Le 30 décembre 2005, l'ex porte-avions repart vers le site d'Alang en Inde, suscitant la colère de plusieurs associations écologistes, dont Greenpeace, qui reprochent au gouvernement français de se débarrasser à bon compte d'une coque recelant beaucoup plus que les 45 tonnes d'amiante que la France veut bien reconnaître. Après un périple jusqu'aux côtes indiennes émaillé de multiples péripéties diplomatico-judiciaires, le bateau devra finalement revenir à Brest, faisant deux fois le tour de l'Afrique. Une expertise montrera peu après l'étendue des zones amiantées à traiter sur le navire : 17,5 km de tuyaux, 2,8 km de gaines de ventilation, 2.380 m2 d'amiante projetée, 3.920 m2 de matelas d'amiante pour l'isolation, 7.120 m2 de dalles au sol et 44.000 m2 de peinture.
Ah, les écologistes ! Voici encore une force internationale qui marque des points. Pour être sûrs que leur combat retienne l'attention, ils vont se plaindre de n'avoir pas réussi à ... mais à quoi faire, d'ailleurs ? Ce bateau est un tas de rouille, il faut bien le démanteler, d'une manière ou d'une autre...
Enfin, voilà la France contrainte d'envoyer en catimini l'ex fleuron de sa flotte militaire se faire démanteler en Angleterre.
Soyons sûrs que les Anglais sauront mieux faire que les Français, eux qui pour supprimer leurs vieux bateaux, les envoient par le fonds !
Nous n'avons plus qu'à nous consoler en achetant aux enchères un morceau du paquebot France ça fera bien dans le salon !