LEMONDE.FR avec AFP et Reuters - 05.10.07 -
Le haut commissaire aux solidarités actives et ancien président d’Emmaüs Martin Hirsch a estimé, vendredi 5 octobre, que le dispositif, voté dans la nuit au Sénat, qui vise à exclure les sans-papiers de l’hébergement d’urgence "n’est pas acceptable". "Les centres d’hébergement doivent être là pour héberger ceux qui en ont besoin", a déclaré Martin Hirsch sur Europe 1, jugeant que "le texte, tel qu’il a été voté, pose problème".
L’ancien président d’Emmaüs a ajouté s’être "entretenu avec Brice Hortefeux pour trouver une solution", précisant : "On va se concerter pour trouver autre chose qu’un système qui serait discriminatoire", et qui rendrait "le travail des associations impossible, ou plus difficile, ou contradictoire".
COLÈRE DES ASSOCIATIONS CARITATIVES
M. Hirsch, qui s’était déjà élevé contre le recours aux tests ADN pour les demandeurs de regroupement familial, a confié : "Je serai à l’aise quand on aura trouvé une solution."
L’article incriminé a été introduit par les députés lors du passage du texte à l’Assemblée nationale et a suscité la colère des associations caritatives, dont la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs et SOS-Racisme. (...)
Il faut avouer que la majorité en place va de plus en plus loin. Et qu'elle a tendance à confondre politique d'immigration avec exclusion!
Car enfin, s'il est avéré que la France doit restreindre le nombre d'immigrants, il faut renforcer la surveillance des frontières (tant pis si celles ci sont désormais européennes, il fallait y penser avant).
Reconduire ensuite des "sans papiers" à la frontière est déjà beaucoup plus difficile : il faut tenir compte de l'environnement familial... si le clandestin est en France depuis longtemps, s'il travaille, s'il a femme et enfants, si ceux ci sont scolarisés... la France n'est tout de même pas un pays de bourreaux!
Qu'en revanche, on condamne l'employeur qui a fourni un emploi non déclaré semble inévitable, et dissuasif.
Mais enfin, que l'on ose imaginer refouler les "sans papiers" des centres d'hébergement d'urgence, j'en suis pantois! Mais qui sommes nous pour penser à une telle mesure ? C'est toute la Nation qui serait coupable de non assistance à personnes en danger.
N'oublions jamais que les sans papiers sont avant tout des êtres humains;
que s'ils sont en France, c'est qu'ils étaient malheureux chez eux;
c'est aussi qu'un système déficient les a laissés rentrer (où qu'ils sont plus malins, où que chez eux ils n'ont rien à perdre).
Alors oui, prenons des mesures, mais des mesures humaines.
Et que celles ci prennent en compte nos propres erreurs, à commencer par celle qui leur a permis d'entrer sur notre territoire, de s'y installer, et de commencr à croire qu'ils avaient enfin gagné le droit de vivre.
Christophe Paillard