Lors d'un dialogue m'a été opposée la remarque suivante :
- si le roi, qui n'est pas élu démocratiquement, nomme le premier ministre de son choix, ce n'est pas démocratique
Comparons donc cette remarque sensée avec certaines institutions actuelles :
En Angleterre, la reine se doit de nommer au poste de Premier ministre le chef du parti vainqueur aux élections. Certes, l'aspect démocratique est ici visible, mais dans la mesure où les hommes politiques utilisent les moyens à leur disposition pour parvenir à ce poste, le plus manoeuvrier gagne et l'autorité de la reine en est diminuée d'autant.
La situation est comparable en Espagne.
En France, le président est élu au suffrage universel, et choisit la personne de son choix au sein du parti majoritaire. Le parlement vote ensuite la confiance du gouvernement, qui est par définition du même bord. Là aussi, la démocratie semble présente, mais ne revenons pas ici sur les nombreuses dérives que nous dénonçons sans cesse.
Si la France était une monarchie héréditaire, le monarque n'étant pas élu (je fais abstraction du débat sur le premier monarque à monter à nouveau sur le trône de France), la remarque de mon interlocuteur se comprend, cependant la réponse est simple.
1) pourquoi le roi aurait-il moins de pouvoir que le président d'aujourd'hui ? Autrement dit, pourquoi devrions-nous imiter l'Angleterre ou l'Espagne ?
2) les élections continuant à fonctionner permettront aux Français, comme aujourd'hui, de désigner certains hommes / femmes politiques auxquels ils font confiance. C'est naturellement parmi eux que le roi choisira ses ministres. Toutefois, le pouvoir du roi n'étant pas limité, il choisira (au même titre que les électeurs) un premier ministre en qui il a confiance.
Cet homme-clef, haut responsable de la politique nationale, bénéficiera par conséquent de la double confiance des électeurs et du souverain, et l'on voit ici apparaître une démocratie équitable où ce n'est pas le meilleur manoeuvrier qui gagne, mais plutôt le meilleur serviteur de l'Etat.