La Géorgie a, par la voix de son président Mikhaïl Saakachvili, accepté tard mardi soir le plan de paix que Nicolas Sarkozy, en tournée-éclair dans la région, était parvenu à négocier dans la journée avec son homologue russe Dmitri Medvedev.
Le texte comporte une modification par rapport à la version initiale : la mention du «statut futur» de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie est retirée du texte d'origine, un changement «approuvé par le président Medvedev», a indiqué Nicolas Sarkozy.
Ce plan de paix en six points prévoit désormais «l'ouverture de discussions internationales sur les modalités de sécurité et de stabilité en Abkhazie et en Ossétie du sud» «On n'est pas encore à la paix, mais on est à la cessation provisoire des hostilités», s'est félicité Nicolas Sarkozy.
Ce plan impose également aux belligérants de ne pas «recourir à la force», de «cesser les hostilités de façon définitive», d'assurer un «accès libre à l'aide humanitaire». Les forces militaires géorgiennes doivent retourner «dans leur lieu habituel de cantonnement», tandis que les forces russes doivent se retirer «sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités». « Nous nous sommes mis d'accord sur le respect de la souveraineté. La Géorgie est un pays indépendant. Les Russes n'ont pas l'intention de demeurer en Géorgie », a assuré Nicolas Sarkozy. Le président russe a toutefois annoncé que les militaires russes resteront en Ossétie du Sud et en Abkhazie, et ce, afin de garantir la stabilité du Caucase.
En début de soirée, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov avait menacé la Géorgie de prendre «de nouvelles mesures» contre la Géorgie, si celle-ci venait à rejeter le plan de paix.
Le «David» géorgien «va gagner» contre le «Goliath» russe
Le président français qui bénéficie «du soutien des 27», a aussi rappelé que l'Union européenne était «disponible» pour participer à une force de paix en Géorgie. Cependant, à en croire Moscou, les conditions d'une cessation des hostilités ne sont pas pour l'instant réunies. Le président russe a, de nouveau, affirmé que la Géorgie ne respectait aucun cessez-le-feu alors que Moscou a annoncé mardi matin la fin de son action militaire «visant à contraindre la Géorgie à la paix». Selon Dmitri Medvedev, les forces géorgiennes ont continué à tirer, notamment avec de l'artillerie.
Des accusations que Tbilissi renvoie à Moscou. La Géorgie soutient que l'offensive russe continue, les forces russes se dirigeant vers la région géorgienne de Mestia, près de l'Abkhazie. Face à ces déclarations contradictoires, la Maison-Blanche est en train de vérifier si, comme elle l'a promis, la Russie a arrêté ses attaques en Géorgie. Sans attendre le résultat de cette enquête, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a exigé que les opérations russes en Géorgie « s'arrêtent vraiment maintenant», et a appelé toutes les parties à «cesser le feu».
150.000 Géorgiens se sont rassemblés à Tbilissi pour soutenir Mikhaïl Saakachvili. Crédits photo : AP
Mikhaïl Saakachvili a annoncé que l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie allaient être déclarées territoires occupés. Le «David» géorgien «va gagner» contre le «Goliath» russe, a-t-il lancé devant 150.000 partisans réunis à Tbilissi. Il a indiqué que la Géorgie allait sortir de la Communauté des Etats indépendants, une organisation fondée à la chute de l'URSS qui regroupe, sous la tutelle de la Russie, l'ensemble des ex-républiques soviétiques à l'exception des pays baltes, et a pressé l'Ukraine de faire de même.
Plaintes devant la CPI
Le conflit entre Géorgiens et Russes s'est également déplacé mardi soir sur le terrain de la justice internationale. Les forces russes ne font rien pour arrêter des actes de «nettoyage ethnique» commis par des séparatistes ossètes dans les zones de Géorgie dont elles ont le contrôle, a dénoncé le ministère géorgien des Affaires étrangères. La Géorgie va, par ailleurs, déposer une plainte contre la Russie auprès de la Cour pénale internationale pour des actes présumés de nettoyage ethnique conduits sur son territoire entre 1993 et 2008. La période couvre la présence des forces russes de maintien de la paix, créée en 1992, en Abkhazie et en Ossétie du Sud. A La Haye, où siège la CPI, le bureau du procureur Luis Moreno-Ocampo a indiqué n'avoir reçu aucune plainte, précisant toutefois que les Géorgiens ont demandé un rendez-vous. Moscou ne devrait pas tarder à faire de même. Le parquet russe veut collecter auprès des habitants de ces deux régions séparatistes pro-russes les plaintes pour crimes de guerre présumés contre des responsables géorgiens, et les envoyer à la Cour pénale internationale. Par ailleurs Moscou a décrété une journée de deuil national mercredi à la mémoire des victimes de la «catastrophe humanitaire» en Ossétie.
L'aide humanitaire s'organise
La Russie a décrété une journée de deuil national mercredi à la mémoire des victimes de la «catastrophe humanitaire» en Ossétie.A cause du conflit, au moins 100.000 personnes ont été déplacées. La communauté internationale commence à acheminer une aide humanitaire. Un premier avion d'aide du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés , transportant des jerrycans, des couvertures et des tentes, est arrivé mardi matin à Tbilissi. Un deuxième avion devait décoller mercredi de Copenhague. Ces deux vols achemineront au total 70 tonnes d'aide à destination de 30.000 personnes. Côté français, un Airbus A340 ta décollé mardi après-midi de Paris.
Une mosaïque de peuples entre rancunes anciennes et nouvelles offenses
Irina de Chikoff
11/08/2008 .
De part et d'autre de la montagne Blanche du Caucase, les conflits entre les différentes ethnies, dont les Ossètes et les Abkhazes au cœur de la «guerre» qui oppose aujourd'hui Russes et Géorgiens, n'ont pas cessé.
Les Caucasiens ont le sang chaud. Au Nord comme au Sud. Ils ont également le goût du théâtre et des grandes tirades apocalyptiques. Peut-être parce qu'ils vivent sur une terre, entre mer Noire et Caspienne, perpétuellement soumise à des cataclysmes naturels : inondations, séismes, glissements de terrain, avalanches. Sur les hauteurs de la montagne Blanche, les hommes aussi s'enflamment facilement. Mais ils ne se contentent pas de mots. Depuis la nuit des temps, les conflits dans la région sont si innombrables qu'il est impossible de les énumérer. Lorsque la Russie, à la fin du XVIIIe siècle, s'empare de tout le Caucase - du Daghestan à la Tcherkessie, la guerre durera plus de soixante ans -, elle devra faire face à des émeutes, des insurrections et des révoltes sans fin. Pour les résoudre, Saint-Pétersbourg et, après la Révolution, Moscou joueront des rivalités entre ethnies. Elles forment une gigantesque mosaïque de peuples, tous plus jaloux les uns que les autres, de leur particularisme, de leur langue ou de leur culture.
Les Ossètes, au cœur de la «guerre» qui vient d'opposer les Russes aux Géorgiens, sont une de ces ethnies. Au Nord, leur République autonome, qui fait partie de la Fédération de Russie, s'appelle l'Alanie et sa capitale Vladikavkaz. L'Ossétie du Sud, région de la Géorgie, jouissait également, depuis 1922, d'une forme d'autonomie. Elle fut abolie par le Parlement de Tbilissi après l'effondrement de l'URSS et la proclamation d'indépendance de la République géorgienne.
«Déni de justice»
Descendants des Alains, les Ossètes n'ont jamais accepté ce «déni de justice» et, à l'issue d'un conflit armé qui a fait plus de 3 000 morts, ont décrété leur sécession. Pour «geler» le conflit, Boris Eltsine et Edouard Chevardnadze avaient signé un traité en 1992. Depuis, des forces de maintien de la paix, composées de Russes, d'Ossètes et de Géorgiens, stationnent à Tskhinvali. Des incidents, quelques escarmouches ou bien des troubles plus importants émaillent les années. Ils sont alimentés tour à tour par les Russes, les Géorgiens, les Ossètes eux-mêmes ou bien des «agents» qui servent des intérêts pétroliers étrangers.
Après la «révolution des roses» et l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili, un ancien avocat qui a travaillé à New York, les relations entre Tbilissi et Tskhinvali se tendent au point de se rompre en 2006. Le jeune président, qui veut rejoindre l'Otan et à terme l'Union européenne, exige que l'Ossétie du Sud revienne dans le giron géorgien. Les séparatistes ossètes n'en ont cure. Et Moscou les soutient. La grande majorité des habitants de la province dispose d'un passeport russe et la monnaie en usage est le rouble. Comme en Abkhazie. Une autre région séparatiste de Géorgie.
Située sur la mer Noire, ancienne riviera des apparatchiks de l'Union soviétique, l'Abkhazie a proclamé son indépendance en 1992.
Capitaux et troupes russes
Les Abkhazes sont majoritairement musulmans, mais il ne s'agit pas d'un conflit religieux avec les Géorgiens, plutôt d'une vieille querelle ethnique. Les Abkhazes s'estimant méprisés par Tbilissi. La guerre qui avait opposé la Géorgie à Soukhoumi avait été autrement meurtrière que celle d'Ossétie du Sud. Elle aurait coûté la vie à plus de 13 000 personnes entre 1992 et 1993. Deux cent cinquante mille Géorgiens avaient fui la province. Là encore Moscou apporte son aide aux sécessionnistes. Les capitaux russes affluent sur le littoral. Les troupes également.
Au mois de janvier dernier, lors de la campagne présidentielle, Mikhaïl Saakachvili, candidat à sa réélection, avait affirmé que «la réunification de la Géorgie est le principal objectif de (sa) vie». Son intervention en Ossétie, aussitôt suivie par une riposte russe et «l'état de guerre» proclamé en Abkhazie, ne devrait pas le rapprocher du but de son existence.
Dans les deux enclaves séparatistes, fortes du soutien de la Russie, les rancunes anciennes sont ravivées par les nouvelles offenses. Dans le Caucase, on ne les oublie jamais. Et si d'aventure les peuples voulaient en perdre le souvenir, les acteurs du nouveau «grand jeu» qui se déroule dans la région autour des routes du pétrole ne leur en laisseraient pas la liberté.
Géorgie: la monarchie constitutionnelle soutenue par une partie de l'opposition |
RIA Novosti international | |
TBILISSI, 8 octobre 2007- RIA Novosti. L'opposition parlementaire géorgienne soutient l'avis du chef de l'Eglise locale Ilia II estimant que la monarchie constitutionnelle serait une bonne solution pour le pays, et formule plusieurs propositions sur cette question, rapporte l'agence News-Georgia.
Le Parti conservateur propose la tenue d'un référendum national sur cette question.
"Nous proposons de tenir un référendum sur la question de l'instauration en Géorgie de la monarchie constitutionnelle. C'est l'unique moyen de sortir de l'impasse dans laquelle s'est fourvoyé le pays", a déclaré le député Kakha Koukava.
Gueorgui Andriadze, directeur de la compagnie de télévision Iberia, estime de son côté qu'un représentant de la dynastie des Bagrationi, né en Géorgie et éduqué dans les traditions nationales, pourrait seul monter sur le trône.
La leader du parti "Voie de la Géorgie", Salomée Zourabichvili, est également partisane de la monarchie constitutionnelle. "Le monarque sera le garant de la réunification de la nation", a estimé l'ancienne ministre des Affaires étrangères.
De son côté, Konstantin Gamsakhourdia, leader du mouvement politique de la Liberté, estime que le monarque "d'une part personnifiera les traditions géorgiennes et l'esprit national et de l'autre sera le garant de l'unité du pays".
L'homme politique estime que la monarchie constitutionnelle en Géorgie pourrait être instaurée après le rétablissement de l'intégrité territoriale (après la réintégration des républiques d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud qui réclament leur indépendance, ndlr.) et avec l'accord du peuple.
20 octobre 2007
Géorgie : restaurer la monarchie avec la bénédiction du Seigneur
Ainsi prêcha dernièrement le patriarche-catholicos Elie II, primat de l'Eglise orthodoxe géorgienne pour la Géorgie :
"Les conditions sont aujourd'hui réunies en Géorgie pour que le rêve du peuple géorgien sur le retour à la monarchie constitutionnelle puisse être réalisé avec la bénédiction du Seigneur. Nous prions le Seigneur pour que la Géorgie retrouve sa force, pour qu'elle se calme et se réunifie (...)
D'autres pays nous dictent souvent ce que nous devrions faire. Certains affirment que la Géorgie devrait être une république présidentielle, d'autres évoquent une république parlementaire et ainsi de suite. Or, c'est à nous d'en décider (...)
Certains proposent d'établir en Géorgie une monarchie constitutionnelle. Je vous explique ce que cela signifie: le roi règne sans diriger, il garantit l'intégrité territoriale du pays et la protection des droits de l'homme (...)
Le peuple géorgien doit être prêt à accepter le nouveau régime, et il devra choisir son roi parmi les descendants des Bagratides qu'on devrait élever dans cet esprit dès l'enfance".